1. Ses origines – Son mariage
Rappelons simplement que Jean EVELLIN naquit en 1721 ou 1722 à Saint-Jacques de Montaigu, diocèse de Luçon. Il était le cinquième fils de François EVELIN et de Mathurine (ou Catherine) GIRARD. Son père était un modeste paysan natif de Boufféré, petite paroisse contiguë à Montaigu. De sa mère nous ne savons rien.
Nous ne savons rien non plus de Jean avant son mariage en 1763. Nous n'avons même pas trouvé son acte de baptême, les registres de cette époque ayant été détruits. Nous jugeons très probable qu'il soit venu à Nantes peu après la mort de son père intervenue le 5 mars 1746 à Montaigu, et sans doute en même temps que son frère Jacques qui était de 5 ou 6 ans son aîné.
Nous n'avons pas trouvé de traces de ces deux frères dans les rôles de capitation de 1742 à 1754. Par contre Jean signe comme témoin au mariage de Jacques avec Marie MEGRET, le 6 novembre 1753 en l'église St Donatien de Nantes, puis comme parrain de leurs filles Marie-Jeanne, le 3 juillet 1758, et Marie-Modeste Adélaïde, le 6 novembre 1761 à St Vincent.
Nous avons de bonnes raisons de croire qu'il fut d'abord employé chez Jean-Baptiste MARCHAND l'aîné, épicier à la Fosse, voisin de Louis CASSENEUVE chez lequel son frère était garçon miroitier. On se souvient que Jacques a épousé en secondes noces, le 3 juillet 1764, Anne MARCHAND, fille de Jean-Baptiste et que Jean EVELLIN était témoin à ce mariage .
Jean s'était lui-même marié le 27 juin 1763 avec Jeanne LAILLAUD. Il est dit sur l'acte "fils majeur de feus François et Catherine GIRARD, originaire de St Jacques de Montaigu, diocèse de Luçon et domicilié de la susdite paroisse de Notre-Dame [de Nantes] depuis plusieurs années". Son épouse est dite "fille majeure de feu François et Jeanne PAVAGEAU, originaire de la paroisse de Vieillevigne, et aussi domiciliée sur celle de Notre-Dame depuis plusieurs années".
La cérémonie fut célébrée par le frère bernardin TIRONNEAU, prêtre Récollet, en la chapelle de l'Ebeaupin, paroisse de Vertou. Cette chapelle dépendait du château du même nom appartenant à Messire Joseph FRESNEAU, Général des finances en Bretagne. Parmi les témoins outre Jacques, frère de l'époux et Marie, sœur de l'épouse, nous relevons sept signatures FRESNEAU dont en tête celle de FRESNAU de LA MOTTE D'AUBIGNE, sans doute Marguerite FRESNAU fille de Joseph, sieur de LEBEAUPIN, Conseiller du Roi et Général des Finances en Bretagne, épouse de Louis Benjamin de LA MOTTE, seigneur d'Aubigné.
Or ces FRESNAU habitaient eux aussi paroisse Notre-Dame à Nantes. Nous sommes tentés d'en déduire que Jeanne LAILLAUD était à leur service.
Elle avait été baptisée le 8 février 1730 en l'église de Vieillevigne, diocèse de Nantes, ayant pour parrain Pierre PAQUIER et pour marraine Jeanne BOURGET. Elle était née la veille, fille de François LAILLIAU (sic) et de Jeanne PAVAGEAU.
Les LAILLAUD ont constitué au XVIIIe siècle une vaste famille qui émigra du bocage vendéen (Mormaison, Saint André-Treize-Voies, Vieillevigne) à Nantes. La plupart des hommes étaient à l'origine maçons ou tailleur de pierre. Certains, à l'occasion des grands travaux entrepris à l'époque sous l'impulsion du maire Gérard MELLIER, sont devenus entrepreneurs ou se sont promu architectes.
Les LAILLAUD étaient donc originaires de la paroisse de Mormaison, tandis que les PAVAGEAU étaient très nombreux dans celle de Vieillevigne. Après son mariage François est venu s'établir à La Gorsonnière. Le hameau était situé à l'extrémité sud ouest de la paroisse de Vieillevigne, à une bonne lieue du bourg, mais à moins de 500 mètres de l'église de La Grolle dont il n'était séparé que par un ruisseau servant de limite aux diocèses de Nantes et de Luçon. Cela explique sue le clergé donnait facilement des permissions canoniques pour y célébrer des baptêmes et des mariages. Par contre les inhumations avaient toujours lieu à Vieillevigne.
François et Jeanne ont donné naissance à sept enfants dont cinq sont morts en bas-âge :
Il est fort probable que Jean Evellin se soit installé à son compte comme épicier peu de temps après son mariage. Les épiciers au détail n'étant pas constitués en corporation nous ne pouvons pas en trouver la preuve dans le Livre des Maîtrise et Jurandes ; mais au baptême de son premier enfant, Jeanne-Marie le 23 juin 1764 à Sainte-Croix, il est dit "marchand épicier".
Dans cette paroisse Sainte-Croix, Grande rue, à droite en allant à la Gaudine, c'est-à-dire sur le côté sud, le sieur EVELLIN, boutiquier, est imposé en 1764 pour 4 livres, donc de façon très modique.
En 1789 Jean avait transporté sa boutique de l'autre côté de la Basse Grande rue, à gauche en allant de Sainte-Croix au Puit Lory. Il lui avait donné une certaine expansion puisqu'il était taxé à la capitation 7 livres (au lieu de 4 en 1764) et occupait un domestique taxé 3 livres.
En 1791 les EVELLIN étaient locataires de Mr DUBOCHE au n° 10 de la Basse Grande Rue. C'est le Rôle de la Contribution Personnelle, plus précis que les anciens rôles de la Capitation, qui nous l'apprend. Dans le même immeuble logeaient deux autres locataires une "faiseuse d'ornement" et une lingère. Curieuse anticipation.
Le 19 juillet de cette même année, pour répondre au décret du 2 mars instituant la patente, Jean déclare "vouloir y faire le négoce et y exercer la profession de marchand épicier pendant le cours de l'année 1791". Il certifie en outre que le loyer de son habitation, de l'atelier et de la boutique ou magasin qu'il occupe est de 200 livres.
Le 12 nivose de l'an VIII Jeanne MICHEL, fille de confiance, et Marie-Anne DIGUE, journalière, vinrent déclarer à la Maison Commune que la veille (2 janvier 1800) à dix heures du matin Jean EVELLIN, marchand épicier, natif de Montaigu, époux de Jeanne LAILLAUD était décédé dans sa demeure Basse Grande rue, âgé de soixante dix neuf ans.
Jean-François prit alors à son nom la patente d'épicier en détail et continua à loger sa mère auprès de lui au moins jusqu'en 1804. En 1810 elle est recensée dans l'immeuble appartenant à M. METAYER, 7 rue Basse du Château. Elle n'occupe qu'un petit appartement dont le loyer est évalué à 40 Frs, mais emploie encore une domestique.
Elle y est décédée le 2 avril 1816 âgée de 84 ans laissant une toute petite succession déclarée par Jean-François comme composée de meubles valant 365 francs.