François
Jean |
François
Evellin
(1835
- 1881)
Après sa
licence il renonça à la carrière ecclésiastique et entra à l'Ecole Normale
Supérieure à la limite d'âge en 1860. Agrégé de philosophie en 1865, il fut
professeur aux lycées de Nice, de Lille, de Bordeaux et à Paris à Saint Louis
et à Charlemagne. Il soutint ses thèses de docteur es lettres en 1880, thèses
qui firent sensations et furent discutées. En 1882 il fut nommé Chef du Bureau
des Bourses, puis Chef du Personnel du Ministère de l'Instruction Publique,
Inspecteur de l'Académie de Paris en 1883, puis Inspecteur Général pour la
philosophie. Il prit sa retraite en 1900 comme Inspecteur général honoraire de
l'Instruction Publique. Elu membre de l'Académie des Sciences Morales et
Politiques le 28 mars 1808, il mourut à Paris le 21 avril 1910.
Ses écrits
les plus remarquables sont : "Infini et Quantité", étude sur le
concept de l'infini en philosophie et dans les sciences, édité en 1880 – et
"La Raison pure et les Antinomies", essai critique sur la philosophie
Kantienne, paru en 1907.
La ville de
Nantes a rendu hommage à sa mémoire en attribuant son nom à une rue.
Dans une
lettre adressée à sa belle sœur, Marie Thérèse, on peut voir la foi religieuse
et le courage qu'il avait à défendre ses idées vis-à-vis des tendances extrêmes
de chaque bord. Il faut rappeler qu'à cette période les lutte idéologiques
faisaient rage entre les conservateurs et les modérés aux radicaux et aux
socialistes, les catholiques aux anticléricaux, les dreyfusards aux
antisémites.
"Le
présent est incertain et plein d'angoisses et il semble que ce soit dans la
nuit que péniblement nous semons la semence sainte ; mais si notre labeur est
sans trêve, notre dévouement soutenu et de toutes les heures, et si d'autre
part, comme nous le croyons fermement, la parole du divin veille encore, non
éteinte au fond des âmes, le jour peu à peu se fera, et, pour parler comme le
poète des psaumes, nous moissonnerons dans l'allégresse et les moissonneurs
plieront sous le poids des gerbes".
Quelle
hardiesse ! "Dans un rapport, écrit-il dans cette lettre, où je n'avais à
m'occuper que de la culture morale, de culture par les beaux et nobles
sentiments, j'ai tenu à faire une sorte de profession de foi diviniste, si bien
qu'au Ministère, on a jugé cléricale mon étude fondée sur la sanction de la vie
future".
Mais
l'intransigeance n'était pas unilatérale.
"Je me
demande, continue-t-il, si ma présence à Nantes, en ville, ne pourrait pas vous
causer quelques désagréments étant donné que ma pensée défigurée par certains
organes a pu paraître condamnable à beaucoup de braves prêtres, plus pressés de
me juger que de me lire et capables par conséquent de me regarder comme un
impie, peut-être comme un athée".
"Athée
! quand je dis que Dieu est, qu'il est au fond de chacun de nous, et qu'en lui,
comme dit Saint Paul, nous vivons, nous nous mouvons et sommes, le Génie du
Bien, l'Hôte de l'âme… Tout cela ne compte pas. Il eut donc fallu – quelle misère
– prononcer les quatre lettres D.I.E.U. ! Mais qui ne comprend que la morale
est en nous, et que le désigner par sa présence réelle en nos cœurs, c'est lui
rendre un hommage beaucoup plus haut et plus sincère que de l'appeler d'un nom
sous lequel se cachent tant d'idées fausses, et qui, en morale, n'a plus la
précision nécessaire… son nom, dit l'Ecriture, sera Dieu avec nous ou Emmanuel,
et la religion a-t-elle un plus profond mystère que l'Eucharistie qui fait de
Dieu l'Hôte de l'âme ?".
Nous avons
tenu à citer ces lumineuses pensées d'un homme droit, d'un chrétien lucide au
cours de cette époque marquée de part et d'autre par une partialité aveugle,
souvent haineuse. Nous voulions encore une fois faire sentir l'environnement
sociologique dans lequel Marie-Thérèse LOGE devait mener au mieux un commerce
étroitement lié à la vie religieuse.
Ces informations ont été
obtenues grâce au travail |