Emile
Dominique Evellin 1841
– 1895 Marie
Thérèse Evellin-Logé 1851
– 1937 |
Rappelons qu'Emile Dominique Marie est né le 15 février 1841. Il fut baptisé
à la Cathédrale Saint-Pierre, le surlendemain ; son parrain était son oncle
Dominique Joseph et sa marraine sa grand-tante Marie LITOUX, épouse de
Julien-Thérèse LITOUX.
Il commença ses études au collège privé de Chauvé, près de Marchecoul;
puis les continua au petit séminaire de Notre-Dame-des-Couëts dans la banlieue
nantaise pour les terminer à Nantes dans un collège religieux que nous ne
pouvons pas préciser. "Ensuite, nous apprend son fils Emile Louis, il fut
dirigé sur Paris, où il s'est trouvé avec son frère François, pour se
perfectionner dans le métier d'orfèvre chez POUSSIELGUE et chez un autre,
TRIOULLER je crois. Il y travaillait comme simple ouvrier".
"Ma grand-mère, nous a déclaré de son côté Marie-Thérése, épouse de Lèo
GUIGNARD, ayant dû faire face aux dettes contractées par ses fils Athanases et
Marie-Louis s'est trouvée au bord de la faillite et son fils, mon père, est
allé à Rennes travailler chez un bijoutier-orfèvre dont je ne me souviens plus
du nom. Il habitait place Sainte Anne. Je crois qu'il a beaucoup souffert à
cette époque et que sa santé en a été altérée".
Selon Emile Louis "Il a essayé à un certain moment de fonder à
Rennes, du côté de la place Sainte-Anne, une succursale de la Maison de Nantes,
spécialement pour la dorure et l'argenture et les travaux d'orfèvrerie. Mais il
y avait à ce moment là deux maisons importantes à Rennes, ce qui ne lui a pas
permis de continuer.
On peut situer ces stages d'Emile Dominique à Rennes dans la décennie
1870. Sa formation à Paris est certainement antérieure.
"Il fallut revenir à Nantes, car ma mère se fatiguait". A cette
époque était employée, comme caissière-vendeuse, une jeune veuve d'une
trentaine d'années Marie-Thérése LOGE. "Bientôt elle se révéla être une
personne de grande valeur, Emile EVELLIN, fils la remarqua tout de suite… et
cela se termina par leur mariage".
Marie-Thérèse était le douzième enfant de Jean Baptiste Napoléon LOGE,
épicier, et Félicité ROBICHON. C'était une famille pauvre, habitant depuis toujours
à Bégrolles, dans cette terre des Mauges attachée à la foi catholique et
passionnément royaliste. Elle comptait parmi ses ancêtres des héros de l'Armée
Catholique et Royale ayant servi sous les ordres de Cathelineau, le colporteur
du Pin en Mauges.
Dès son
jeune âge, 12 ou 13 ans, elle avait dû se mettre au travail ; ses parents
l'avaient placée à Cholet, chez Mr BREVET, où elle travaillait dur et était
bien peu payée comme petite tisserande.
En 1876, à
25 ans, elle avait épousé son cousin Ferdinand LOGE, instituteur, qu'elle
perdit cinq mois après son mariage.
"Elle
vint alors à Nantes ou elle fut d'abord employée comme institutrice dans une
pension tenue par Mme BORNIGAL, rue Ogée. Elle y fut assez durement traitée et
accepta volontiers l'offre que lui fit Madame EVELLIN-BILLOU de venir la
seconder dans ses affaires".
Le mariage
entre Emile Dominique EVELLIN et Marie Thérèse LOGE fut célébré le 27 septembre
1883 à la Cathédrale. L'union fut bénite par l'abbé Auguste LOGE, frère de
Marie Thérèse, à l'époque précepteur du prince Emmanuel et de la princesse
Louise d'Orléans.
Nous avons
de bonnes raisons de penser que déjà avant son mariage Emile-Dominique avait
pratiquement pris en main la direction de l'affaire de famille. Son fils Emile
Louis témoigne : "C'est bien certainement pendant sa direction que la
Maison de Nantes a sorti de belles œuvres. Il avait acquis une technique
impeccable et même, à un certain moment, il a fabriqué des émaux
cloisonnés".
Emile
Dominique s'était marié tardivement à 42 ans. Il mourut prématurément à 54 ans
laissant à la charge de sa veuve quatre enfants encore bien jeunes : Marie
Thérèse, 11 ans, Emile Louis, 9 ans, Germaine, 8 ans et Auguste 6 ans. Le
conseil de famille tenu le 24 septembre 1895 autorisa Madame Veuve EVELLIN,
tutrice légale, à accepter, mais conformément à la loi sous bénéfice
d'inventaire, pour le compte de ses enfants, la succession de son mari défunt.
Celui-ci par testament olographe du 24 novembre 1889 avait déclaré donner à sa
femme "tout ce que la loi permet de lui donner, mais en usufruit
seulement".
A la mort
d'Emile Dominique en 1895 les ateliers d'ornements d'église comptaient 12
brodeuses et 4 couturières, l'atelier de bronzes et l'orfèvrerie 3 à 4
ouvriers. Dans les années suivantes l'atelier de la rue de la Juiverie continua
à fonctionner, au moins pour la dorure, l'argenture, le vernissage et les
réparations mais il n'y eut sans doute très peu de créations originales jusqu'à
ce qu'Emile Louis ait terminé sa formation professionnelle. Lors du recensement
de 1896, Eugène THIBERGE et Louis MINIER, doreurs en métaux, déclarent encore
le décès de Marie-Louis EVELLIN ; mais en 1905 la patente du 19 rue du Port
Maillard (autre issue de l'atelier) ne porte que sur un magasin.
Pour
comprendre la situation de la maison familiale au début du XXème siècle il est
nécessaire de prendre en compte l'ambiance qui régnait à Nantes opposant les
conservateurs et les modérés aux radicaux et aux socialistes, les catholiques
aux anticléricaux, les dreyfusards aux antisémites. Ainsi on mesure combien la
direction de la Maison EVELLIN par notre grand'mère Marie Thérèse, avait dû
franchir des passages difficiles.
Nous en
trouvons un exemple dans une lettre que lui a adressée le 1er février
1898 son beau-frère François EVELLIN, alors Inspecteur de l'Académie de Paris.
Il avait rédigé, en tant que tel, un "Rapport sur l'Enseignement de la
Morale dans les écoles primaires de l'Académie de Paris" qui se concluait
ainsi :
"Le présent est incertain et plein d'angoisses et il semble que ce
soit dans la nuit que péniblement nous semons la semence sainte ; mais si notre
labeur est sans trêve, notre dévouement soutenu et de toutes les heures, et si
d'autre part, comme nous le croyons fermement, la parole du divin veille
encore, non éteinte au fond des âmes, le jour peu à peu se fera, et, pour
parler comme le poète des psaumes, nous moissonnerons dans l'allégresse et les
moissonneurs plieront sous le poids des gerbes".
Malgré les
troubles provoqués non seulement dans la rue, mais surtout dans les esprits par
l'expulsion des religieux congrégationistes et par les inventaires, nous avons
tendance à croire que Marie Thérèse LOGE a pu développer l'affaire commerciale
proprement dite, achetant aux fournisseurs parisiens et lyonnais ce quelle ne
pouvait plus fabriquer elle-même.
En 1916,
Madame Veuve EVELLIN-LOGE, ayant atteint 65 ans, décida de prendre sa retraite
et de céder l'affaire familiale à ses fils.
Le 5 avril
suivant Madame Veuve EVELLIN céda à ses fils Emile et Auguste, associés sous la
raison sociale EVELLIN Frères :
"La
maison de commerce d'orfèvrerie, bijouterie, horlogerie, objet et ornements
d'église, dorures, missels, broderies actuellement exploitée (par elle) à
Nantes, Basse Grande rue n° 14 et n° 16 consistant en :
1. La
clientèle et l'achalandage y attachés,
2. Le matériel
servant à son exploitation composé de l'outillage des ateliers et l'agencement
des magasins savoir : deux tours, un moteur, un polisseur, un laminoir, modèles
de forges et fourneaux, métiers et dessins, coffre-fort, bureaux, glaces,
consoles, lustres et tables,
3. Et les
marchandises décrites en état ci-annexé.
Madame
EVELLIN mère, Marie-Thérèse LOGE avait rédigé des dernières volontés Le 4
juillet 1928; elles commençaient ainsi : "Chers enfants bien aimés, mon
grand désir est qu'après ma mort vous restiez amis comme lorsque j'étais sur la
terre. Pour cela soyez bons et indulgents les uns envers les autres et ne
mettez entre vous aucun obstacle à votre union".
Lorsqu'elle
quitta ce monde le 1er octobre 1937, elle avait pu constater, que la
dissolution de la société EVELLIN frères, pour aussi pénible qu'elle ait pu
être, avait permis de rétablir une bonne amitié fraternelle entre ses deux
fils.
A son décès
elle habitait un appartement au rez-de-chaussée du 9 rue du Roi Albert qui lui
était loué par Madame FERRONNIERE où elle avait emménagé à la fin de l'année
1935. Elle avait quitté sa belle maison de Grillaud pour qu'Auguste, son fils,
puisse la vendre, libre de toute occupation, abandonnant par le fait même son
droit d'usufruit.
Ces informations ont été
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