Auguste
Evellin et Marguerite Mary |
Auguste
Victor
(1889
– 1947)
Marguerite
Anna
(1891
– 1982)
Auguste est
né à Nantes le 05 Juillet 1889.
Auguste
avait fait ses études à l'école de l'Abbaye à Chantenay, puis, comme son frère
Emile, à la Rochelle, où il fut reçu par Michel et Alcine LOGE, enfin à Saint
Stanislas. Après un passage rapide à l'école Supérieure de Commerce, il avait
préféré poursuivre une formation artistique à l'Ecole des Beaux Arts de Nantes,
section Arts Décoratifs. C'est Là qu'il fit la connaissance de Mademoiselle
Marguerite MARY, étudiante dans la même section.
Marguerite
était la fille d'Adolphe MARY, officier d'administration coloniale, et d'Anne
Marie Bidan. Née à Sfax, en Tunisie, elle avait passé une grande partie de sa
jeunesse en Indo-Chine. Son père avait pris sa retraite à Nantes. Auguste fut
séduit par sa douceur et par son charme exotique. Leur mariage fut célébré en
l'église Saint Clair par l'abbé LOGE.
Cette année
1913 fut évidemment très coûteuse pour Marie-Thérèse LOGE qui maria trois de
ses enfants.
Sur l'acte
de mariage Auguste est qualifié "orfèvre". Nous avons tout lieu de
croire qu'il s'occupait particulièrement, en liaison avec son frère, de diriger
l'atelier d'orfèvrerie, de bronzes et de dorure.
Ce fut
aussi la dernière année de vrai bonheur familial avant qu'éclata le 2 août 1914
la guerre contre l'Allemagne qui occasionna tant de deuils et tant de
souffrances. Ce n'est pas le lieu ici de raconter ces événements tragiques
puisque notre propos est de reconstituer l'histoire de EVELLIN, artisans et
commerçants en articles d'église. On doit toutefois remercier Dieu d'avoir
épargné tous les frères, beaux-frères, et beau-père.
La
mobilisation générale toucha tous les hommes de la famille.
Auguste,
mobilisé dans l'artillerie, fit une guerre extrêmement dure et courageuse. Il
fut un moment volontaire comme observateur dans les ballons
"saucisses" pour diriger le tir de l'artillerie. Il assura le
ravitaillement de Verdun en munitions par la célèbre Voie sacrée. Il servit
aussi dans les crapouillots de tranchées. Il termina cette guerre comme
maréchal des logis et miraculeusement sans blessures.
Le 5 avril
suivant Madame Veuve EVELLIN céda à ses fils Emile et Auguste, associés sous la
raison sociale EVELLIN Frères :
"La
maison de commerce d'orfèvrerie, bijouterie, horlogerie, objet et ornements
d'église, dorures, missels, broderies actuellement exploitée (par elle) à
Nantes, Basse Grande rue n° 14 et n° 16 consistant en :
1. La
clientèle et l'achalandage y attachés,
2. Le matériel
servant à son exploitation composé de l'outillage des ateliers et l'agencement
des magasins savoir : deux tours, un moteur, un polisseur, un laminoir, modèles
de forges et fourneaux, métiers et dessins, coffre-fort, bureaux, glaces,
consoles, lustres et tables,
3. Et les
marchandises décrites en état ci-annexé.
Comme on
peut s'en douter la Maison EVELLIN pendant la guerre fut dirigée par les
épouses Gabrielle LA ROCHE et Marguerite MARY et le volume d'affaires se
réduisit fortement au point qu'antérieurement à 1918 la société ne réalisa pas
de bénéfices. Les années 1914, 1915 et 1916 ont même été déficitaires.
La guerre
terminée, Emile et Auguste, secondés par leurs épouses, se remirent à la tâche
; comme nous l'avons dit Emile s'occupait plutôt de la comptabilité et des
ateliers des femmes et Auguste de l'atelier des hommes.
Les œuvres
originales issues de dessins d'Emile et d'Auguste EVELLIN et exécutées dans les
ateliers étaient relativement peu nombreuses parce que nécessairement plus
chères, s'agissant généralement d'exemplaires uniques.
Nous avons pu recueillir par contre de plus amples renseignements sur les
couronnes de Notre-Dame de Bon Secours honoré dans la paroisse Sainte Croix de
Nantes. Il existe deux statues de cette vierge à l'enfant, l'une très ancienne
datant semble-t-il du XVe siècle, disparue sous la Révolution, retrouvée en 1920,
l'autre sculptée dans le marbre par CABUCHET en 1864. Le 26 juin 1932, sur
autorisation pontificale, les deux statues furent couronnées par Mgr GAILLARD,
Archevêque de Tours. Mgr LE FER DE LA MOTTE, évêque de Nantes avait demandé à
Emile et Auguste EVELLIN de se charger des dessins et de la fabrication des
couronnes de la Vierge et de l'Enfant Jésus pour les deux statues.
En fait la couronne de la Vierge de CABUCHET a été dessinée par M.
MENARD, architecte, les autres par Emile et/ou Auguste. Elles ont été
exécutées, probablement dans un atelier parisien, avec les dons faits par les
fidèles, or, argent, platine, diamants. Les manteaux des deux statues sont
certainement l'œuvre d'EVELLIN Frères ; ils sont aussi somptueux que les
couronnes.
Il devenait à la mode d'installer des sonneries mécaniques à
déclenchement électrique pour manœuvrer les cloches. La Société EVELLIN frères
obtint la représentation exclusive pour les départements de l'Ouest d'un
spécialiste M. BACH, de Metz. Il venait lui-même faire les installations et se
faisait aider par un ouvrier des ateliers ou par un fils EVELLIN.
Lors de la
séparation en 1933 – 34 le magasin EVELLIN frères n'était plus au 35 rue de
Verdun, mais au 4 rue de Chateaudun dans un ancien appartement qu'Auguste avait
acheté en 1930, et qu'il avait transformé pour y installer non seulement le
magasin, mais aussi les ateliers.
La famille
habitait la maison dite de "La Fontaine" où ils partageaient les jeux
de leurs cousins, enfants de leur oncle Emile.
En effet,
Auguste et Marguerite qui, après leur mariage, avaient logé chez Mr et Mme
Adolphe Mary, 14 rue des Martyrs, étaient venus à la fin de la guerre habiter
"La Fontaine" 2 rue de l'Ouest. Ils partageaient la grande maison
avec leur mère et belle-mère Marie Thérèse EVELLIN-LOGE, qui en 1920, avait
abandonné son appartement de la rue Dubois.
Après leurs
deux premiers enfants, portant les mêmes prénoms qu'eux, ils avaient donné
naissance à Christiane Charlotte Gabrielle le 23 novembre 1923 et Anne-Marie
Marguerite, dite Mimi, le 30 novembre 1926. Celle ci avait un petit jumeau :
Jacques Emile Georges qui ne vécut que ' mois et mourut le 23 mars 1927.
On allait
en vacances à Noirmoutier, au Bois de la Chaize. Auguste y avait acquis en 1930
deux villas jumelles, meublées, Les Fleurs et les Lys. Il en avait supprimé les
séparations pour réunir en une seule : Les Fleurs.
Il y
possédait un bateau de pêche servi par un marin. Auguste offrait ainsi à ses
enfants, neveux et nièces des vacances passionnantes.
Voici le
témoignage de François son neveu et filleul au sujet d'Auguste et Marguerite.
"Cependant
nous ne pouvons pas cacher, sans pour autant manquer à la justice et à
l'affection, qu'Auguste EVELLIN n'était sans doute pas dans sa voie dans ce
commerce. Il eut certainement préféré un métier se rattachant à la mécanique,
en particulier la mécanique automobile. Marguerite de son côté, malgré tous ses
efforts, avaient, avait une réserve et une discrétion naturelles qui ne la
prédisposaient pas, elle, fille de fonctionnaire, à la vente commerciale."
Enfin
Auguste, très ouvert aux amis, à la famille, aimaient la chasse, la pêche et
les bons repas, faisait souvent preuve d'une générosité seigneuriale et
finalement menait un train de vie au-dessus de ses ressources. Sa santé aussi
gênait son activité : hypertension et diabète le minaient à tel point qu'il
mourut à 58 ans.
De
l'armistice à la fin de 1943 s'écoula une période dure et sombre des
difficultés croissantes d'approvisionnement en marchandises et fournitures. Les
clients se faisaient de plus en plus rares, Auguste finit par se décourager et,
laissant à son épouse la tenue du magasin et à son fils la direction des
ateliers, il accepta le poste que lui offrit un ami, M. SABLE, adjoint au maire
de Nantes, le poste d'enquêteur à la police administrative de la ville, qu'il
occupa du 15 octobre 1942 au 1er août 1946.
On sait
combien la ville de Nantes souffrit durant la guerre des bombardements
maladroits, pour ne pas dire criminels effectués à haute altitude par
l'aviation américaine qui en voulant toucher le port et les ateliers de
constructions navales, détruisit le centre de la ville. Les bombardements les
plus meurtriers furent ceux du 16 et du 23 septembre 1943 ; mais il y en eut
d'autres jusqu'en août 1944. "On comptait 1742 tués et 2946 blessés parmi
les civils, 2000 immeubles ou maisons détruits, 6000 rendus inutilisables. En
1943 près de 20.000 personnes avaient quitté la ville. L'économie s'étant
d'ailleurs effondrée, les pouvoirs publics ne parvenaient pas à rétablir les
circuits commerciaux normaux".
La rue de
Chateaudun avait été épargnée, mais l'on comprend bien que l'activité
commerciale et artisanale de la Maison EVELLIN se trouvait réduite à peu près à
zéro.
"De
magnifiques témoignages d'abnégation furent alors donnés par des religieux, des
médecins, des jeunes volontaires, des équipes d'urgence de la Croix-Rouge et de
la Défense Passive".
Parmi ces
volontaires de la Défense Passive, Auguste EVELLIN, fut des plus courageux. Il
a même servi la résistance en rendant le suprême service d'inhumation aux
fusillés. Ces services furent reconnus, malheureusement à titre posthume, par
l'attribution de la Médaille Commémorative de la guerre 1939-1945 avec barrette
"Défense Passive".
Auguste
EVELLIN est mort le 12 juin 1947 en son domicile, 1 place Dumoustier, d'une
maladie de foie. Il est mort en chrétien, assisté par son ami le chanoine
LUNEAU, curé de la paroisse de Sainte Croix, qui avait été son professeur à
Saint Stanislas, courageusement comme un soldat. Son corps fut inhumé dans le
tombeau de ses parents au cimetière de la Bouteillerie avec le concours de très
nombreux amis.
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obtenues grâce au travail |